Festival de Fès 2025 : Quand le soufisme fait dialoguer les cultures à travers la poésie et la musique

Rédigé le 23/10/2025
دار سُبْحة


La ville de Fès se transforme en un carrefour culturel unique où résonnent les échos du flamenco mystique et de la poésie soufie. Sous l'égide de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Festival de la Culture soufie et des Sagesses du Monde célèbre sa 17e édition autour du thème "Vivre poétiquement", une invitation à explorer les profondeurs du patrimoine spirituel mondial.

"Notre ambition est de faire émerger depuis Fès une dimension poétique et spirituelle présente dans de nombreuses cultures", explique Faouzi Skali, président de l'événement. Cette manifestation se présente comme une réponse créative aux questionnements du monde contemporain, transformant la cité millénaire en un laboratoire d'expériences artistiques et spirituelles.

L'écrivain Michael Barry a inauguré le cycle des conférences avec une exploration fascinante des œuvres d'Al Ghazali, Nizami et Rumi, trois figures majeures du mysticisme. "Le concept du 'miroir de l'âme' nous rappelle la capacité universelle de l'être humain à réfléchir et à se transformer", souligne-t-il lors de son intervention "Trois mystiques dans le miroir de l'âme".

La programmation musicale marie avec audace les traditions. L'artiste albanais Enris Qinami et la Sénégalaise Senny Camara ont ouvert les festivités, suivis par une création exceptionnelle à Bab Makina. Cette dernière a réuni le flamenco mystique de l'ensemble espagnol Curro Piñana, les mélodies arabo-andalouses de Noureddine Tahiri et la voix prometteuse de la jeune marocaine Nouaila El Kalai.

Le festival propose également des moments rares comme la performance de qawwali indien d'Anwar Sabri et des soirées dédiées aux confréries Qadiriya, Charaqawiya et Sqaliya. Le Parc Jnan Sbil accueille la "Cappella de Ministreres" avec Françoise Atlan et Carles Magraner, tandis qu'un hommage à Paganini résonne en partenariat avec la Fondation Ducci.

L'innovation artistique se manifeste notamment à travers la comédie musicale "Boudour Wa Joussour: La huppe et les douze oiseaux", adaptée du Cantique des Oiseaux d'Attâr. Un colloque dédié à Sami Ali, pionnier de la psychosomatique relationnelle, explore les connexions entre science et spiritualité, pendant que l'exposition "Interreligiosités marocaines" de Manoël Pénicaud témoigne de la richesse du pluralisme spirituel marocain.